Nous avions déjà fait une visite très rapide de Potosi il y a 10 jours, qui est sur la route pour aller à Sucre, nous y avions fait le plein de notre bouteille de gaz le moins cher de tout notre voyage. En effet, les ouvriers de l’usine de gaz, nous ont demandé seulement 2 bouteilles de Fanta en contre partie du remplissage de la bouteille soit 22 bolivianos ou 2.80€ !
Potosi se situe à 4 200 m d’altitude, ce qui fait d’elle, la ville de plus de 100 000 habitants la plus haute de la planète. Elle est connue pour sa montagne le « cerro Rico » qui cachait le plus gros gisement d’argent du monde. Les incas savaient que la montagne recelait d’argent mais ils n’ont rien fait pour l’exploiter, contrairement aux espagnols. Après 450 ans d’exploitation, les filons sont aujourd’hui presque épuisés, les espagnols sont partis, seuls les locaux exploitent encore la mine. Ils sont organisés en coopératives, environ 6 000 mineurs travaillent dans les 200 mines du Cerro Rico. La hauteur du Cerro Rico a baissé d’une trentaine de mètres à force de l’effondrement des galeries. Les mines se sont ouvertes au tourisme pour contre balancer la baisse de rentabilité et offrir une reconversion aux mineurs ayant commencés jeunes.
Nous avons décidé de visiter l’une de ces mines, il n’était pas question de prendre de risque avec les enfants alors nous avons choisi l’agence qui avait les meilleurs avis (Big Deal Tour). En effet, visiter une mine encore en activité et en plus à plus de 4000 m d’altitude peut être dangereux mais nous étions bien équipé et avions un accompagnateur pour nous aider avec les enfants en plus du guide.
Pour commencer la visite nous avions rendez-vous avec notre guide au marché des mineurs, pour y acheter des cadeaux aux mineurs pour les remercier de nous laisser les regarder pendant qu’ils travaillent. Il est coutume d’acheter soit des sodas, de l’alcool, des cigarettes, des feuilles de coca à mâcher ou de la dynamite. Les mineurs ne font pas de pause à midi, les journées commencent vers 9h jusqu’à 18h, pour tenir le coup il mâche de la coca qui en plus d’éviter le mal d’altitude, est un excellent coupe faim. Nous avons décidé de leurs acheter de la coca et de la dynamite, c’est la seule ville où on peut se promener avec de la dynamite sans risquer de se retrouver en prison !
Notre guide : Wilson, a été mineur, il connait donc très bien ce dont il parle et il parle anglais. Il nous amène d’abord dans l’usine où sont extraits les minerais des roches que les mineurs rapportent de la mine. Nous ne restons pas longtemps car il y a beaucoup de poussière mais nous avons quand même le temps de voir toutes les machines utilisées dans le processus. De nos jours, de moins en moins d’argent est extrait, les roches sont essentiellement composées de zinc et d’étain.
Les mineurs exploitent le filon d’une coopérative pendant 3 ans, la 1ère année, la coopérative fournit un emplacement et tout le matériel et transporte les minerais à l’usine, les recettes reviennent à 25% au mineur et 75 % à la coopérative. La 2ème année, elle ne fournit plus que l’emplacement et le matériel, ils se partagent les recettes à 50-50%. La 3ème année, elle ne fournit plus que l’emplacement, 85 % des recettes reviennent au mineur. Au bout de 3 ans, la coopérative peut donner le droit d’exploiter l’emplacement au mineur.
Nous entrons dans la mine par un petit tunnel, nous devons nous baisser et l’air commence déjà à manquer, pour moi qui suis claustrophobe, ce ne fuit pas le meilleur moment, mais on retrouve vite de la hauteur et de l’air ! On commence notre visite par la statue d’El Tio, le dieu des mines, appelé ainsi car les Quechuas ne prononçaient pas bien le mot dieu « Dios » en espagnol. C’est une statue un peu étrange avec des cornes, recouverte de confettis depuis le carnaval, avec une cigarette à la bouche, des bières dans les mains… Wilson nous explique que les mineurs commencent toujours leur journée par faire des offrandes au Tio. Nous nous installons donc autour de Tio, Wilson lui offre une cigarette allumée, puis vient le moment de partager une petite bouteille d’alcool (alcool de canne à 96%), sans oublier d’en donner quelques gouttes à la pachamama (la terre mère). A la 2ème tournée, Wilson qui parle plusieurs langues, nous sort un tchin tchin, santé, dans toutes les langues qu’il connait dont un « yec’hed mat », étrange d’entendre parler breton au fond d’une mine en Bolivie !!! Les mineurs demandent à Tio d’avoir un filon prospère et de bonne qualité, Wilson nous souhaita que nos enfants réussissent à l’école puis il se rendit compte qu’on avait 3 enfants, il souhaita donc à Clément plus de fertilité car ce n’est pas bien d’avoir un nombre impair d’enfant, il faut qu’on en fasse un autre !
Nous sommes ensuite allés voir les mineurs au travail, malheureusement certains étaient absents car nous étions lundi après la Toussaint, et, ils avaient du mal à se remettre de leur weekend de 4 jours ! En effet, les mineurs boivent beaucoup les weekends pour oublier les difficiles conditions de travail. Après la visite des différentes galeries, nous avons quand même pu assister aux premiers coups de marteau piqueur et à l’installation de la dynamite dans les murs.
Wilson a commencé à travailler dans la mine à l’âge de 8 ans, nous avons donc proposé à Eldan de travailler dans la mine, il a refusé, c’est trop fatiguant, trop sale et on n’arrivait pas à respirer!!!